Demande et transformation de l’emploi dans l’industrie
Le Diagnostic sectoriel 2018 du Comité sectoriel de main-d’œuvre (CSMO) confirme la vigueur actuelle de la demande et de la transformation des postes à pourvoir dans les industries des portes et fenêtres, du meuble et des armoires de cuisine.
En 2015, à peine 42 % des répondants prévoyaient embaucher dans un horizon d’un an. Trois ans plus tard, le sondage de la firme Synthèse Plus RL & CL l’établissait à 95 %. La récurrence d’une dizaine de métiers très recherchés est frappante dans ces deux coups de sonde.
1. Assembleur-ajusteur
2. Commis à l’expédition/réception
3. Contremaître de production
4. Ébéniste industriel
5. Ouvrier d’atelier/manœuvre/journalier
6. Peintre-finisseur
7. Réceptionniste/agent de bureau
8. Technicien de la mise en production
9. Couturier de meubles
10. Rembourreur
Cette récente mise à jour devenait nécessaire en raison de la croissance économique, de la reprise des exportations aux États-Unis, de la baisse du dollar canadien, de la transformation de l’environnement d’affaires, du vieillissement de la main-d’œuvre, de la hausse du nombre de personnes possédant un diplôme secondaire et plus. La numérisation de la gestion des procédés de production, le départ massif de travailleurs à la retraite d’ici à 10 ans et la baisse de la population active dans plusieurs régions du Québec s’ajoutent aux mutations en cours.
Transformation de l’emploi
Les métiers pas, peu ou semi-spécialisés représentent environ la moitié du nombre de travailleurs qui évoluent dans l’industrie, portrait variant selon les sous-secteurs d’activité et la nature de la production. La masse des postes à pourvoir est concentrée sur la production depuis 10 ans, même si la proportion des emplois techniques a pas mal augmenté par rapport à celle des employés d’usine depuis une vingtaine d’années, passant de 80 % à 69 %.
La délocalisation de la production avec des partenaires d’affaires, le transfert d’expertise à l’externe, le recentrage du modèle d’affaires sur des activités nécessitant moins de personnel, l’accélération de la numérisation des systèmes automatisés de gestion de la production (analyse avancée du Big Data, intelligence artificielle, robotisation, Internet par objet, modélisation 3D des produits, échanges par appareils mobiles) pourraient bien combler une partie des besoins de main-d’œuvre actuelle, mais en générer de nouveaux.
Dans cinq à 10 ans, si la tendance se maintient, l’industrie 4.0 risque fortement de changer le rôle, les tâches, le profil des compétences des travailleurs de production des 2000 entreprises (de plus de cinq employés) et 42 000 travailleurs en 2019. Un nombre croissant de manufacturiers générant un fort volume d’emplois seront appelés à déployer plus d’efforts à dénicher des créateurs, des techniciens, des analystes, des programmeurs, des gestionnaires et autres professions plus spécialisées, tous aux premières loges de la quatrième révolution industrielle.
Dans la mesure où les solutions technologiques disponibles pourraient s’appliquer, le nombre de métiers pas, peu et semi-spécialisés, actuellement en demande, devrait diminuer. Certaines études américaines et canadiennes dans le milieu manufacturier parlent d’une contraction potentielle de 30 à 40 %. D’autres sont moins alarmistes comme l’estimation fournie aux ministres du Travail du G7 au printemps 2018, qui évoque le scénario d’une suppression globale (tous secteurs confondus) d’au plus 15 % au cours des deux prochaines décennies. Une enquête spécifique en 2019-2020 dans les industries des portes et fenêtres, du meuble et des armoires de cuisine permettrait d’en mesurer l’ampleur.
Le Québec doit pourvoir environ 1,4 million de postes d’ici 2028. Trois emplois sur quatre exigeront une formation technique ou universitaire. Il y aura donc de la pression sur les salaires, sur les conditions et l’environnement de travail. La mise en place de meilleures pratiques d’attraction, d’accueil, d’intégration et de développement professionnel des nouveaux employés constitue une des clés de voûte de la survie et de l’essor de l’industrie.
Croissance depuis quatre ans
La croissance économique au pays contribue à la relance graduelle des industries des portes et fenêtres, du meuble et des armoires de cuisine depuis quatre ans. En 2017, la plupart des indices sectoriels étaient à la hausse, tels l’emploi (3,4 %), la masse salariale (4,9 %) et le PIB (6,5 %), sauf le nombre moyen d’heures travaillées (-0,4 %), qui peut être relié à la hausse de la productivité grâce à l’innovation technologique.
Les indicateurs sectoriels sont supérieurs à la moyenne québécoise. Le nouvel Accord de libre-échange intervenu entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ALENA) à la fin du mois de septembre dernier ne devrait pas affecter les activités intérieures et les exportations des manufacturiers de l’industrie.
Conjuguée à la hausse du niveau de consommation des ménages, à la santé de l’emploi au pays et chez nos voisins du Sud, la vigueur de la construction, de la rénovation et de la revente de propriétés contribue à faire carburer la production de biens durables.
En 2017, selon la SCHL, le nombre de mises en chantier a crû de 46 495 logements, en hausse de 19 % par rapport à 2016. Il s’agit d’un sommet depuis 2012. L’effervescence est surtout forte dans les grandes villes de la province, soit 52 % dans la région du Montréal métropolitain, contre 17 % dans l’agglomération de Québec. C’est demeuré stable au premier trimestre 2018. De plus, le marché de la rénovation se porte plutôt bien aussi (+5 %) dans l’ensemble au Québec.
D’autre part, malgré le resserrement hypothécaire visant les emprunteurs ne disposant pas d’une mise de fonds initiale d’au moins 20 % du prix d’achat, le marché immobilier résidentiel québécois a connu une année record de 82 639 ventes en 2017 (+6 %), selon une compilation du système Centris. On prévoit une augmentation plus modeste de l’ordre de 3 % en 2018.