«Tes mains, c’est ton métier. L’appréciation de soi, c’est ton salaire.» Robert Rodier pose la garniture des meubles rembourrés haut de gamme fabriqués à l’usine Lorenz de Montréal. «Nous ne sommes pas riches, mais nous sommes une denrée rare. Le travail ne manque pas. Ça prend 5 ans de pratique diversifiée pour se sentir à l’aise et au moins 10 ans avant d’atteindre la maîtrise de son art», souligne le rembourreur, fort de ses 27 ans d’expérience dans le domaine.
Ce que je fais
Robert entre en scène lorsque les montants du cadre et les ressorts du meuble sont assemblés. Il effectue l’enveloppement des fauteuils, des canapés et des causeuses. Le rembourreur utilise notamment le coton, le polyester, le caoutchouc mousse, la ouate, la plume et divers tissus. «Je débute par le siège. Au fond de cette carcasse, je fixe une membrane de textile afin de protéger les coussins et amortir la présence des ressorts.»
Une bande de tissu est collée ou agrafée autour du châssis de bois. Le rembourrage est ensuite glissé à l’intérieur comme s’il s’agissait de petites poches. La densité de son contenu varie selon le type de collection, la dimension des bras, la configuration des coussins, etc. «On camoufle tout ça à l’aide d’une couche de tissu choisi par le client. Je répète ces étapes avec les bras suivis du dossier. Quand le meuble est entièrement recouvert, nous enchaînons avec l’installation des cordons décoratifs. Il ne reste plus ensuite qu’à refermer la toile protectrice derrière le meuble en s’assurant que toutes les sections sont fixées solidement en dessous.»
Ce qu’il faut
Le titre de rembourreur s’acquiert au terme de nombreuses années d’exercice sur le terrain, qu’on ait ou non fait ses classes dans un centre de formation professionnelle. L’artisan doit avoir prouvé toute sa valeur sur le plan des habiletés manuelles. Il manipule très bien les tissus, les aiguilles, les outils, les agrafes. «C’est un individu très minutieux, patient et concentré, particulièrement au chapitre de la finition. Pas question de voir les fils, broches et bouts de cordons qui pendouillent. Ni dessous, ni devant, ni derrière, ni sur les flancs.»
Robert privilégie énormément l’initiative. Si l’ouvrage présente des défauts, il y a moyen de réparer ou de camoufler les imperfections. «C’est comme ça qu’on améliore son savoir-faire.» À l’instar du vin qui se bonifie en vieillissant, l’artisan raffine sa technique au fil des ans et augmente la cadence de production. «On atteint une telle fluidité et une telle assurance dans le geste qu’on peut alors laisser libre cours à l’improvisation. On découvre de nouvelles façons de faire les choses qui nous conduisent vers plus d’excellence.»
À quoi ressemble mon travail
Le rembourreur travaille en solitaire. Il s’affaire sur l’ossature du meuble et utilise les outils et les matériaux rangés sur l’établi. Robert est toutefois en relation constante avec le poseur de ressorts, le monteur de châssis, le tailleur et la couturière. «Qu’il s’agisse de modifier un morceau ou d’adapter le modèle au goût de l’acheteur, je dois consulter tout ce beau monde. Dans certains cas, le taillage du revêtement final s’effectue une fois que j’ai terminé l’habillage du cadre, selon l’importance du volume à couvrir par-dessus.» Le déroulement des travaux peut varier d’un milieu à l’autre: atelier artisanal, fabricant de modèles haut de gamme, fabricant de collections en série, etc.
Robert commence sa journée à 7 h 30 et termine aux alentours de 16 h 30. Ses semaines d’environ 40 heures sont ponctuées d’heures supplémentaires à l’occasion. «Il nous faut être disponibles. Les usines d’ameublement luxueux tournent à plein régime parce que les consommateurs dans ce segment du marché ont beaucoup d’argent, peu importe la conjoncture économique.»
À quoi je peux aspirer
Il arrive qu’un rembourreur expérimenté accède au poste de contremaître d’atelier. Des artisans plus aventureux préfèrent plutôt travailler pour leur propre compte. «J’ai déjà géré une petite boîte de quatre employés. Je mettais aussi la main à la pâte.» Pour obtenir des revenus supplémentaires, certains réalisent des contrats les soirs et les week-ends à la maison, et ce, même s’ils travaillent déjà à temps plein à l’usine.
Intérêts
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Aimer accomplir des tâches de création artistique.
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Aimer accomplir des tâches répétitives, selon des normes établies.
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Aimer manipuler des instruments.
Aptitudes
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Facilité à mouvoir les mains et les doigts habilement.
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Avoir un sens aigu de l’observation.
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Démontrer une vitesse d’exécution supérieure à la moyenne et de la persévérance.
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Capacité de travailler avec précision et minutie.